Un ouvrage de Henry David Thoreau (1817-1862) porte le titre de Cap Cod :
« L’homme a du mal à laisser une trace de son passage : sur le plateau, le vent les efface ; et sur la grève, les vagues, à marée montante ». Autre citation : « Ce lieu, je le voyais, était bien une terre de mirages et de merveilles ».
Le troisième mouvement de « Toward the sea » de Tōru Takemitsu pour flûte et guitare s’intitule Cape Cod.
Souviens-toi (titre original : Remember me) et La maison du Guet (titre original Where are the chidren) de Mary Higgins Clark se déroulent également au cap Cod. Toute l’intrigue du livre de Norman Mailer : « Les vrais durs ne dansent pas », se déroule à Provincetown, dernière ville du cap Cod. Virginia C. Andrews a écrit « La Famille Logan » dont les 5 tomes se déroulent au cap Cod. Le groupe de pop Vampire Weekend rend hommage à la région et à sa jeunesse dorée dans la chanson « Cape Cod Kwassa Kwassa »
La chanson « Old Cape Cod » (1957), écrite par Claire Rothrock, Milton Yakus et Allan Jeffrey, enregistrée par Patti Page, est un hommage à la douceur de vivre du cap Cod. Cette chanson, qui est utilisée pour la bande originale du film « 58 minutes pour vivre » (1990), sert de base à At the river, morceau qui lance la carrière du duo britannique de musique électronique Groove Armada en 1997. Le phare au centre de l’intrigue du roman « L’Instant présent » de Guillaume Musso se situe au cap Cod.
Jan Kerouac parle d’un été passé au cap Cod avec sa mère et ses deux petites sœurs pendant son enfance en 1961 dans son autobiographie « Baby Driver ». Le roman d’Annie Dillard « L’Amour des Maytree » (2008) se déroule à la pointe du cap Cod. Ce cap a été, à la fin du XIXe siècle, le lieu de villégiature de plusieurs écrivains, tels que John Dos Passos ou encore Tennessee Williams.
Le cap Cod a marqué un tournant dans l’histoire américaine, car c’est sur le site de l’actuelle ville de Provincetown que Myles Standish et ses pèlerins du Mayflower abordent le continent le 11 novembre 1620 et sont accueillis par les Indiens de la tribu des Nausets. Les premiers établissements européens de Nouvelle-Angleterre y trouvent place : Barnstable (1637), Sandwich (1637) et Yarmouth (1639).
En 1914, le cap Cod perd son caractère péninsulaire lors de l’achèvement du canal du cap Cod, séparant le territoire du reste du continent. L’infrastructure est achetée par le gouvernement fédéral en 1928. Depuis les années 1950-1960, le cap Cod est fréquenté par les élites bostonienne et new-yorkaise qui s’y font construire de somptueuses résidences secondaires en bois. Ainsi, la famille Kennedy, originaire de Boston, possède une villa à Hyannis (l’un des villages de Barnstable).
C’est l’Amérique dans ce qu’elle a de meilleur, portant les valeurs de liberté, d’ouverture, d’audace et d’innovation dans ce qu’ils ont de plus nobles. Cependant, ce n’est pas forcément l’Amérique du quotidien, dans ce qu’elle aurait de représentatif du reste du pays. Boston, Cap Cod et le Massachussetts forment un monde à part, une élite, à la fois méritocratie et technocratie, et en cela souvent accusée d’être complètement coupée de la réalité du reste des Etats-Unis. De fait, cette vérité nous a frappé : arriver au Massachussetts nous a donné l’impression d’arriver dans un autre pays, dans un autre monde, très loin de la franchise brutale et amicale rencontrée en longeant le Mississippi ; très loin des peurs de l’autre, du terrorisme, des immigrés, de l’obsession pour la grandeur de l’Amérique (« Make America Great Again »). Plus guindé, aussi ; peut-être un peu plus froid, plus sophistiqué, et pas toujours dans le meilleur sens du terme. Davantage porté à une discussion, à un débat nourri de faits, d’idées, de chiffres, plutôt que de sentiments. Là-bas, toutes les personnes que nous avons rencontrées restaient persuadées qu’Hillary Clinton allait gagner. « On a peur qu’un homme comme Trump puisse aller aussi loin dans les sondages, mais les mensonges de Trump sont tellement évidents, tellement absurdes, qu’il est impossible qu’il puisse gagner ! » disaient-ils, de façon grossièrement résumée. Eh bien, ils avaient tort, et ne comprenaient pas grand chose de la façon de penser et des préoccupations de la plupart de leurs compatriotes.
C’est difficile à raconter, difficile à narrer, mais cette différence entre deux Amériques se sentait aussi bien dans les moments passés dans un Walmart ou un Macdo. Une somme de petits riens ; une façon de rire ou de parler, de sourire, de se tenir ou d’engager la conversation, le choix des recettes cuisinées, ou même la façon de tendre une assiette, donnaient le sentiment qu’on était ailleurs. Mais tout cela n’est qu’un avis très subjectif ; peut-être qu’en allant en Californie, j’aurais eu le même sentiment.
Si vous avez déjà regardé la série Gilmore Girls, vous connaissez déjà cette Amérique parfaite, un peu coupée du reste du pays, eh bien, la série se passe au Massachussetts, et ce n’est pas anodin. N’empêche, je conseillerais à n’importe qui d’aller faire un tour à Cap Cod, à la fois pour la beauté des paysages, de ses plages, pour les réserves naturelles, la vie culturelle, ou la très détonante Provincetown.
Si vous allez voyager dans le coin, voici quelques conseils sur ce qui vaut le coup d’œil le temps d’un séjour sur la côte Est :
Manger des fruits de mer et du homard.
Les homards américain et canadien sont moins bons que le homard breton , mais il est incomparablement moins cher (10 € le kilo !) et on peut s’en régaler pour pas très cher. Boston est la capitale américaine des fruits de mer – vous en trouverez donc partout, facilement, frais, notamment dans le chowder (soupe de palourdes) ou le homard court-bouillon.
Cap Cod est surtout connu pour avoir été le lieu de villégiature des Kennedy (Martha’s Vineyard) et immortalisé dans Moby Dick comme capitale de la chasse à la baleine (Nantucket). Mais, à mes yeux, la presqu’île en forme de corne de rhinocéros est avant tout un grand parc naturel propice à de nombreuses balades en bord de mer, dans un environnement protégé et préservé, au milieu de falaises, de 500 km (!) de plages de sable fin, ponctué de phares et de villages de bord de mer.
C’est un paradis pour artistes, intellectuels, écrivains, photographes, peintres, qui trouvent à Cap Cod le calme et la beauté créatrice, ainsi qu’un tas d’infrastructures où se ressourcer, où se poser, où mener une vie agréable : bons cafés, excellents restaurants, wifi, belles terrasses, plages vides, falaises désertées, bancs publics qui s’offrent au promeneur solitaire.
S’installer quelques jours à Provincetown
Parmi les 15 jolis villages de Cape Cod, le plus étonnant de tous est sans l’ombre d’un doute le très bohème Provincetown. 3000 habitants à l’année, mais jusqu’à 60 000 en période estivale. Connue pour être l’endroit où l’on trouve la plus grande concentration de couples gays aux Etats-Unis. Je ne sais pas s’il existe, ou s’il est légitime, de parler d’une « culture gaie » mais, si elle existait, elle serait visible à tous les coins de rues de Provincetown. Les couples s’y affichent avec la plus grande exubérance ou dans une discrétion qui leur est propre. Les endroits branchés sont légions; tout comme les endroits destinés à accueillir un certain sens de la fête.
Bref, ça peut être épuisant, mais ce petit paradis gay vaut définitivement le coup d’œil. C’est ici que les passagers du «Mayflower», pèlerins à l’origine de la création des États-Unis, ont d’abord accosté en 1620 avant de s’établir à Plymouth. Provincetown est dominée par le Pilgrim Monument, une tour de granit de 77 mètres érigée en mémoire de ces premiers colons. À ses pieds, un petit musée raconte le passé de la ville, qui a vécu de la pêche et de la chasse aux baleines avant de devenir un important pôle artistique et littéraire. Du sommet de la tour, qui compte 176 marches et paliers, on a une belle vue sur la baie et les dunes de Provincetown.
« P-Town » pour les intimes est située sur « le poing » de la presqu’île (Cape Cod formant un bras replié). Elle fut le premier site à voir débarquer les exilés puritains du Mayflower. Comble de l’Histoire, P-Town est devenue au XXème siècle « une ville sans règles, non conventionnelle, à l’atmosphère libertaire. C’est une expérience unique », commente amusé l’historien local Jim Coogan, auteur de « The History and Mystery of old Cape Cod ».
L’écrivain américain Norman Mailer, figure emblématique de la cité, tint à peu près ce même langage. Une partie de ses 40 ouvrages prend P-Town pour cadre, la ville « la plus libre d’Amérique », où « tout le monde est égal ». Entendu : les gays et les artistes y ont libre expression.
Dans la très longue rue commerçante se succèdent galeries d’artistes (Edward Hopper y avait sa résidence d’été), maisons cossues aux jardins arborés, restaurants, boutiques érotiques et nombreux bars. C’est ici que la vie nocturne est la plus trépidante.
Martha’s Vineyard, c’est une culture à part. C’est la cour de récré des politiques ou des célébrités », explique Jim Coogan. « The Vineyard » est le summum du « charme discret de la bourgeoisie », où un art de vivre bien spécifique et les spacieux cottages y sont encore plus léchés que ceux du continent.
Une particularité : Oak Bluffs. Cette petite ville fut la première à être légalement habités par les esclaves affranchis, et la communauté afro-américaine y est très présente.
C’est d’ailleurs à Oak Bluffs que Barack Obama est venu à chaque mois d’août de sa présidence. Jessie, serveuse au Nancy’s, se souvient l’avoir vu dans ce fast-food du port désormais tenu pour le favori de Barack !
Norman Mailer, écrivain américain (31.01.1923/10.11.2007)
C’était l’un des derniers colosses de la littérature américaine et son éternel agitateur : Norman Mailer, qui s’est éteint le 10 novembre 2007 dans un hôpital new-yorkais, n’avait jamais cessé d’en découdre avec la société qui l’entourait. Romancier, poète, essayiste, pamphlétaire, journaliste, cinéaste et figure politique indomptable, il incarnait la conscience inquiète de la vie culturelle américaine. Cet homme infatigable et courageux, qui choisissait systématiquement les angles les plus inattendus pour aborder les sujets qui lui tenaient à cœur, fut l’une des grandes figures américaines, comme Hemingway l’avait été avant lui. Jusqu’au bout, il aura continué de lutter contre le conformisme et l’injustice, se passionnant pour l’actualité et observant sans concession un pays qui le déprimait de plus en plus.
Rien, ni les attaques ni les honneurs (il reçut deux fois le prix Pulitzer et une fois le National Book Award), ne parvinrent à l’empêcher de porter systématiquement le fer dans les plaies. De la lutte contre la guerre du Vietnam jusqu’à la critique impitoyable de la politique menée par l’administration Bush (notamment en Irak), en passant par les portraits qu’il fit de Marilyn Monroe ou de Lee Harvey Oswald, l’assassin de John Kennedy, tous ses livres dressaient un portrait rageur et tendre de l’Amérique. Il l’a fait avec une détermination et une forme de violence qui lui ont valu bien des ennemis, mais aussi avec une lucidité qui permit à son œuvre de refléter tous les bouleversements survenus aux Etats-Unis durant le XXe siècle.